Repenser ses croyances pour retrouver sa pleine forme
Il existe des chaînes invisibles. Des murs que l’on ne tente même pas de franchir. Non parce qu’ils sont infranchissables, mais parce que l’on est persuadé qu’ils le sont. Ces barrières mentales ont un nom : les croyances limitantes. Elles ne font pas de bruit, elles ne s’imposent pas brutalement, mais elles nous apparaissent comme des évidences inscrites dans notre nature ou notre caractère. Pourtant, elles freinent, sabotent, immobilisent, à l’image de la représentation que nous avons construite de nous-même.
Dans l’accompagnement des sportifs en quête d’équilibre, de forme et même de performances, j'observe régulièrement ces croyances. Elles se manifestent discrètement, avec des nuances variées, mais elles influencent toujours profondément les comportements.
Quelles croyances sur soi et son corps empêchent d’oser et de progresser ?
Ces croyances prennent racine dès les premières expériences. Elles naissent souvent d’un commentaire, d’un échec, d’une étiquette reçue ou d’un regard extérieur. Elles s’installent parfois très tôt dans l’esprit et deviennent des certitudes. Voici quelques exemples fréquents :
« Je ne suis pas souple, c’est génétique. »
« J’ai toujours été nul en sport, ce n’est pas à mon âge que cela va changer. »
« Je suis stressé de nature, je ne peux rien y faire. »
« Il faut souffrir pour réussir. »
« Mon corps n’est pas fait pour ça. »
« Je n’aime pas faire du sport. » — une phrase qui claque comme une sentence, ferme toute envie d’explorer une autre façon de bouger ou de se relier à son corps.
Le problème ne réside pas tant dans la croyance elle-même que dans la conviction avec laquelle elle est entretenue, sans remise en question.
Le cerveau cherche ensuite à confirmer cette croyance : il sélectionne les informations qui la confortent (biais de confirmation) et ignore celles qui pourraient la contredire.
Les mécanismes de la pensée répétitive et des croyances limitantes
Les croyances sont des interprétations de la réalité que l’on considère comme des vérités. Elles sont issues de l’histoire personnelle, de l’éducation, de messages intériorisés, ou d’expériences marquantes.
Des pensées aux croyances …. à la prophétie auto-réalisatrice
Ce n’est pas la croyance qui limite, mais la force avec laquelle on y adhère!
Dans la sphère sportive, ces croyances peuvent devenir des obstacles puissants. Une personne persuadée de ne pas pouvoir tenir un entraînement ne se donnera même pas la chance d’essayer. Une autre, convaincue de ne pas avoir les aptitudes physiques nécessaires, évitera toute pratique régulière.
Ces croyances deviennent des prophéties autoréalisatrices : elles façonnent les actions, qui produisent des résultats renforçant la croyance initiale. Une boucle sans fin… un peu comme l’éternelle question : « Qui de l’œuf ou de la poule est venu le premier ? »
Les pensées répétitives sont souvent des automatismes bien ancrés, renforcés par les connexions neuronales au fil du temps. Penser toujours la même chose donne l’illusion que cette pensée est "naturelle", et donc forcément vraie.
Selon certaines recherches en neurosciences cognitives, l’être humain produirait environ 60 000 pensées par jour, dont 95 % seraient identiques à celles de la veille. Ce constat illustre à quel point il est difficile de sortir de ses propres schémas mentaux… à moins d’en prendre conscience.
Comment identifier et déconstruire ces croyances ?
Observer les discours internes récurrents.
Il s’agit d’écouter ce que l’on se dit face à une difficulté ou un défi. Les phrases répétitives sont souvent les traces d’une croyance installée.
Examiner la validité des croyances.
Quelques questions utiles :
D’où vient cette idée ? A-t-elle été entendue, vécue une seule fois, ou est-elle liée à un contexte particulier ?
Est-elle vraiment valable en toutes circonstances ? Ou découle-t-elle d’une généralisation excessive ?
Existe-t-il des contre-exemples dans son parcours ou dans son entourage ?
Cette pensée favorise-t-elle une progression physique ? Ou empêche-t-elle de tenter, de persévérer, d’explorer ?
Que se passerait-il si l’on adoptait temporairement une pensée inverse ?
Le corps est-il réellement incapable, ou est-ce l’esprit qui bride ses capacités ? etc…
Expérimenter un changement, même minime.
Remettre en question une croyance commence souvent par l’expérience. Tester un comportement nouveau, adopter une posture mentale différente, ne serait-ce que quelques instants, peut suffire à ouvrir une brèche. Par exemple, en courant deux minutes de plus que prévu, on déplace une limite mentale. Cette dissonance entre croyance et réalité enclenche un processus de transformation.
Quelques exercices pour faire évoluer son regard
Le recadrage positif
Identifier une croyance qui entrave la pratique sportive (« Je ne suis pas endurant », « Je suis trop raide pour le yoga ») et la transformer en formulation plus constructive (« Je progresse à mon rythme », « Mon corps gagne en souplesse jour après jour »). Répéter cette phrase lors d’une activité physique en portant attention aux sensations. La conscience du geste, sa qualité plutôt que sa quantité ou sa vitesse, participe à la transformation du rapport à soi.
2. Revisiter son parcours d’activité physique
Prendre une feuille et y dessiner une frise chronologique, ou simplement réfléchir mentalement aux différentes étapes de son cheminement sportif. Identifier les moments où une limite a été dépassée : une première séance reprise après une longue pause, un entraînement particulièrement exigeant mené jusqu’au bout, un geste maîtrisé après de nombreux essais. Se remémorer ce que le corps a mobilisé : énergie, concentration, souplesse, courage. Ces ressources sont toujours disponibles. La mémoire corporelle contribue à les réveiller.
3 : Le miroir inversé
Demander à une personne de confiance de nommer les qualités perçues dans la pratique physique ou mentale : régularité, fluidité, capacité à gérer l’effort… Si rien n’émerge, cela ne reflète pas une vérité sur soi mais une limite du regard extérieur. Il est aussi possible d’observer ses propres sensations pendant l’effort : dans quels gestes, dans quels moments se manifeste une forme de maîtrise ou de présence ?
4 : La boucle d'attention corporelle
Avant une activité physique, réaliser un scan corporel de la tête aux pieds. Observer tensions, relâchements, battements du cœur, respiration. Inviter progressivement chaque zone à se détendre. Pendant l’effort, rester connecté à une zone précise (le rythme respiratoire, les appuis, …). Après l’activité, refaire le scan : qu’est-ce qui a changé ? Cette attention soutenue favorise le relâchement mental et l’ancrage dans l’instant présent.
En conclusion : et si le potentiel était déjà là ?
Les croyances limitantes agissent en silence. Elles modèlent la perception de soi, freinent l’élan et réduisent le champ du possible. Le défi n’est pas de les éradiquer d’un coup, mais d’apprendre à les voir, à les interroger, à les remettre en mouvement.
Modifier une croyance, c’est s’ouvrir à un autre rapport à soi. À une version plus libre, plus incarnée, plus vivante. C’est là que commence le véritable développement personnel… et la pleine forme durable.
Et puis, entre nous, si changer une croyance ne fait pas tout, ne rien changer garantit que rien ne bougera!
À méditer… sans se prendre la tête, mais avec les pieds en mouvement. Parfois, il suffit d’un pas de côté pour ressentir que ce n’est pas la croyance qui fatigue, mais l’immobilité qu’elle impose!
Juliane Leclair
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